ALOPÉCIE: comment informer et accompagner votre patient?

Effet indésirable non systématique, transitoire et réversible, l’alopécie, au cours d’un traitement contre le cancer, peut être un événement difficile à vivre. Il est essentiel d’accompagner votre patient et de l’informer sur cet effet indésirable, pouvant être vécu comme un événement angoissant et perturbant.

Qu'est-ce que l'alopécie?

L’alopécie (terme médical) désigne la perte des poils sur tout le corps, y compris le visage. Elle se distingue de la calvitie qui désigne uniquement la chute des cheveux¹.
Certaines chimiothérapies sont susceptibles de provoquer une alopécie dans la mesure où elles éliminent des cellules de l’organisme très actives, comme les follicules pileux.

Les 2 grades d'alopécie¹

Grade 1

Une chute de cheveux inférieure à 50%. Ceci est décrit comme un amincissement minimal, qui peut être camouflé à l'aide de différentes techniques de coiffure. La chute de cheveux à ce stade peut être si légère qu'elle passe inaperçue.

Grade 2

Une chute de cheveux supérieur à 50%. Est facilement apparente pour les autres ; une perruque ou un postiche est nécessaire si le patient souhaite camoufler complètement la perte de cheveux ; associé à l'impact psychosocial.

Les particularités de l'alopécie¹²

Pour accompagner votre patient et le rassurer vous pouvez lui indiquer que l’alopécie ne dépend pas de la gravité de la maladie, ni de l’efficacité du traitement. La chute des cheveux et des poils peut être partielle ou totale.

A l’arrêt du traitement, les cheveux et les poils recommencent peu à peu à pousser. Néanmoins, prévenez votre patient que leur texture et/ou leur couleur sont susceptibles de changer lors de la repousse. Votre rôle en tant que pharmacien consiste à participer à l’éducation thérapeutique de votre patient en lui indiquant les différentes phases qu’il risque de traverser.

Les traitements induisant l'alopécie ²³:

Chimiothérapie
Tous les médicaments anticancéreux ne provoquent pas l’alopécie. Effet indésirable courant lors d’une chimiothérapie, l’alopécie n’est pas systématique et dépend du protocole prescrit.

Indiquez à votre patient que dans la grande majorité des cas, l’alopécie est transitoire et réversible à l’issue du traitement. Parfois, la chute des cheveux peut être précédée ou accompagnée de douleurs ou de picotements au niveau du cuir chevelu, pendant quelques jours.

En prévention, le bonnet froid proposé pendant la séance de chimiothérapie peut aider à limiter l’alopécie . Son efficacité dépend du produit de chimiothérapie utilisé.

L’alopécie commence en général 2 à 4 semaines après le début de la chimiothérapie. Les cheveux recommencent à pousser environ 2 à 6 mois après la fin du traitement. A l’arrêt du traitement, les cheveux et les poils recommencent peu à peu à pousser. Néanmoins, prévenez votre patient que leur texture et/ou leur couleur sont susceptibles de changer lors de la repousse, bien qu’ils puissent retrouver progressivement leur aspect initial (après 12 à 18 mois).

Radiothérapie
L’alopécie induite par la radiothérapie, qui peut être réversible ou non, selon la dose délivrée au niveau de la peau, est également un effet indésirable habituel chez les patients cancéreux, traités au niveau de la tête. La perte de cheveux se produit uniquement au niveau de la zone irradiée et débute 2 à 3 semaine après le début de la radiothérapie.
La repousse débute en général au bout de 2 à 3 mois après la fin du traitement. Lorsque la dose de radiothérapie est inférieure à 45 grays, la repousse est systématique.

Hormonothérapie
Certains médicaments utilisés pour traiter le cancer du sein - comme le tamoxifène ou encore les inhibiteurs de l’aromatase, en particulier combinés avec une thérapie ciblée - peuvent également causer une chute temporaire et modérée de cheveux ou un changement de texture (plus fins). En cas d’alopécie, celle-ci se manifeste 6 à 12 mois après le début du traitement . Les cheveux restent parsemés pendant toute la durée de l’hormonothérapie et recommencent à pousser quelques mois après son arrêt.

Immunothérapie
En général, l’immunothérapie ne cause pas de chute de cheveux. Néanmoins, on remarque qu’une faible proportion de patients traités par immunothérapie peuvent présenter une alopécie³⁵.

Thérapies ciblées
Certaines thérapies ciblées - surtout les inhibiteurs d’EGFR - sont très alopéciantes, alors que d’autres ne le sont pas du tout. Si les cheveux sont souvent la cible des thérapies ciblées, la perte de poils peut affecter tout le corps. Quand l’alopécie survient, c’est généralement après 7 à 10 semaines de traitement avec les inhibiteurs d’EGFR. L’alopécie s’accompagne d’une modification de la nature du cheveu qui peut s’affiner, se fragiliser et être plus difficile à coiffer6. Dans la plupart des cas, l’alopécie est temporaire et la repousse des cheveux a lieu plusieurs mois après l’arrêt du traitement ; néanmoins, elle peut parfois être permanente.

Conseils de prise en charge de votre patient²

1. Prévention

Un bonnet froid peut être proposé lors des séances de chimiothérapie pour aider à limiter ou prévenir l'alopécie. Son efficacité dépend du produit de chimiothérapie utilisé.
Avant de perdre ses cheveux, recommandez à votre patient de les couper court, voire de les raser, pour limiter le traumatisme lié à leur perte. Identifiez un coiffeur spécialisé au sein de votre réseau pour accompagner au mieux votre patient.

2. Le jour de la cure de chimiothérapie

Conseillez à votre patient de ne pas se brosser les cheveux

3. Après le traitement

Pendant les 8 jours suivant le traitement anticancéreux, l’utilisation d’un shampooing et/ou d’un sérum apaisant peut contribuer à réduire les démangeaisons du cuir chevelu
Généralement, le cheveu doit être traité avec précaution, notamment en le lavant à l’eau tiède la veille du traitement, en privilégiant le séchage à l’air libre et en utilisant une brosse à poils souples.
Il est également recommandé de limiter le lavage des cheveux dans les 3 jours qui suivent l’administration du traitement
Entre les cures de traitement et jusqu’à la repousse normale des cheveux, recommandez à vos patients d’éviter les teintures, les mises en plis, les brushings ou les permanentes qui fragilisent les cheveux.